Les Regalia de la Couronne de
France
Les Regalia sont un ensemble d'objets symboliques
de royauté. Chaque monarchie a ses propres Regalia qui ont une histoire souvent
légendaire. Elles sont conservées précieusement comme des trésors et se
constituent par ajouts successifs. On peut les classer en trois catégories :
* Des
instruments liturgiques.
* Des vêtements
royaux.
* Les
instruments du sacre.
Jusqu'à la Révolution, les Regalia des rois
de France étaient conservés dans le Trésor de l'Abbaye de Saint-Denis. Les
gravures fidèles d'André Félibien sont un témoignage important. Différents
souverains y avaient déposé leurs couronnes :
La Couronne dite de
Saint Louis (en réalité, la ''sainte couronne de France'' remontait à l'abbé
Suger), et la Main de Justice - Le Sceptre de Dagobert -
Les Eperons
de couronnement et l'Epée dite de Charlemagne - le Sceptre de
Charles V - Le Bâton de Guillaume de Roquémont - La
Couronne de la reine Jeanne d'Evreux - Les deux Couronnes, le Sceptre et la Main de Justice de Henri IV -
Les deux Couronnes de Louis XIII, et celle d'Anne d'Autriche - Le grand
Fermail - Les deux Couronnes de Louis XIV - La Sainte Ampoule - Vêtements de
sacre (manteau) de Louis XIV - Le
Calice utilisé pour le sacre des rois
- La Coupe des
Ptolémées utilisée comme calice pour le sacre des reines, et
sa Patène en serpentine - Les deux Couronnes de Louis
XV - Le Livre du sacre, et
Evangéliaires utilisés pour le sacre.
Pendant la Révolution française, la plupart des
Regalia ont été fondus. Quelques rares pièces ont été conservées :
L’Epée dite de Charlemagne (Louvre)
Les Eperons du sacre (Louvre)
Le Sceptre de Charles V (Louvre)
Le Bâton de Guillaume de Roquémont (Louvre)
La
Couronne de Louis XV
(Louvre)
Le Calice des Rois (Reims, Palais du Tau)
La
Coupe des
Ptolémées (Paris, cabinet des Médailles), et sa Patène en serpentine
(Louvre)
Pour son sacre
dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804, Napoléon
1er fit reconstituer deux
ensembles de Regalia.
Les
Honneurs de Charlemagne :
Le marèchal Lefebvre portait
l’Epée (« Joyeuse » dite de Charlemagne -
Louvre).
Le maréchal Kellermann
portait la Couronne (dite de Charlemagne, par Biennais – Louvre)
Le maréchal de Pérignon tenait
le Sceptre de Charles V, remonté sur le « Bâton de G. de
Roquémont » (de Charles V - Louvre)
La Main de Justice
(par Biennais - n'est pas présente dans le tableau de David)
(Louvre)
Les
Honneurs de Napoléon :
La
Couronne de feuilles de laurier en or (une
feuille subsiste au château de Fontainebleau)
L’Epée portée par
Napoléon (château de Fontainebleau)
Le second consul, l’architrésorier Lebrun tenait le Sceptre (surmonté d’un
aigle).
Le chancelier Cambacérès tenait la Main de
Justice.
Le maréchal Berthier tenait le
Globe impérial.
Le maréchal Bernadotte portait le Grand Collier de la
Légion
d’Honneur.
Le vice-roi d’Italie Eugène de Beauharnais tenait l’Anneau impérial
(émeraude)
Le grand chambellan
Talleyrand tenait la corbeille destinée au Manteau de
l’Empereur.
Le maréchal Moncey portait la corbeille destinée à recevoir le
Manteau de l’Impératrice
.
Le « maréchal honoraire » Sérurier portait le
coussin destiné à recevoir l’Anneau de l’Impératrice
: "Bague du couronnement" (rubis – château de
Malmaison)
Le maréchal Murat portait le coussin de la Couronne de
l’Impératrice
.
Déposés à Notre-Dame où
le public pouvait les admirer facilement, les honneurs de l’Empereur
(couronne de feuilles de laurier, sceptre, globe, main de
justice
) furent en
effet enlevés en 1815, et fondus en
1819
(sous la Restauration) à
la Monnaie de Paris.
Un lingot d'or ! Triste sort pour la célèbre couronne de laurier bénie par le
pape, avec laquelle Napoléon se couronna lui-même dans le chœur de Notre-Dame.
Le
manteau du sacre était conservé à Notre-Dame, mais les chanoines l'ont
découpé en 1814, à la première Restauration, pour en vendre les
morceaux.
Pour son sacre, le 29 mai 1825 à Reims, le roi
Charles X a utilisé les Honneurs de Charlemagne,
et a aussi fait réaliser un important ensemble d'objets liturgiques.
Une couronne fut réalisée,
par les joailliers Ménière et Bapst, pour Louis XVIII qui ne fut jamais sacré.
Remaniée pour Charles X. (couronne détruite par négligence en 1887)
Les instruments du sacre sont conservés à Reims, au
Palais du Tau :
Le manteau royal
du sacre, commandé par Louis XVIII, il servit au sacre de Charles X.
Le grand manteau royal
de velours hyacinthe est semé de fleurs de lys, et doublé d'hermine.
Les
instruments liturgiques utilisés pour le
sacre de Charles X
se trouvent à Reims, au
Palais du Tau. La plupart des objets (en argent doré) sont de Jean-Charles Cahier
(élève de Biennais) :
Une Masse du Chancelier de France et son
écrin – un ostensoir – Epîtres –
2 plateaux avec pains d’offrandes, d’or et d’argent – 2 croix
processionnelles –
le
reliquaire de la Sainte Ampoule (surmonté d’une colombe) –
2 plateaux d’offrandes –un Evangéliaire – un vase
d’offrande (grande aiguière) –
un écrin de la couronne
du dauphin –une aiguière (plus
petite) –
2 navettes à encens – une croix d’autel – 2
encensoirs –
2 chandeliers d’acolytes
– boîtes aux saintes huiles – une boîte à hosties –
un bassin –2 ensembles de burettes
et plateau – un Baiser de paix –
2 clochettes –Canne du Grand Maître des cérémonies –
Collier de l’Ordre du
Saint-Esprit (dépôt de Mgr le Comte de Paris) -
3 canons d’autel (encadrés) –
Seau
à eau bénite et goupillon –
2 calices et patènes – Croix
archi-épiscopale.
Remerciements : la version anglaise de ce texte a
été réalisée par Mme Maryvonne Mavroukakis
(Library
of Congress, Washington DC)
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